Dur, dur le SCO d'Angers
Coupe du Monde en plein hiver oblige, le traditionnel calendrier a connu de grosses
modifications. Ainsi, pas moins de 5 matchs étaient programmés en août. L'occasion
de tirer un premier bilan. Veni, vidi, perdidi*
Nantes, Auxerre, Brest, Troyes et Reims, tels étaient les premiers adversaires annoncés pour ce mois de reprise. Une entrée en matière a priori clémente ou tout du moins largement à la portée du SCO, sur le papier. Avec 4 descentes à l’issue de la saison et alors qu’Angers a l’habitude de démarrer ses saisons pieds au plancher, le mot d’ordre était le suivant : engranger des points, un maximum, avant un menu autrement plus copieux et afin de s’éviter un sévère casse-tête. Avec 2 points et une 19e place au classement, il est peu dire que le contrat est loin d’avoir été rempli et que le mois d’août a surtout rimé avec incertitude et déconvenue.
Évidemment, une mise en perspective est impérative. Bien sûr, août est toujours un mois particulier en Ligue 1. Tout d’abord parce que les joueurs, à la sortie de la préparation estivale, ne sont pas encore à 100%. Certains en étant plus loin que d’autres. Aussi, le mercato bat encore son plein et ses rumeurs perturbatrices avec. Mais une fois cela dit, il est une lapalissade que d’ajouter que ceci est valable pour tous les clubs du championnat. Par conséquent, Angers ne peut être exonéré de ses erreurs et doit être mis devant les fait accomplis. Et ils sont peu reluisants.
Baticle, recordman du pire
Si le marasme actuel est sans nul doute la conséquence d’une défaillance collective, les erreurs individuelles doivent être aussi pointées du doigt. Dès lors, impossible d’éluder le cas Gérald Baticle. Après une saison 2021-2022 peu convaincante, l’ancien lyonnais était (et est toujours) attendu au tournant. En avant-saison, le coach picard avait évoqué de manière sibylline des dysfonctionnements au sein du club, précisant que quelques-uns avaient pu être résolus. A l’orée du mois du septembre, il n’est plus inopportun de se demander s’il incluait, dans ces problèmes organisationnels, sa capacité à diriger une équipe de Ligue 1. Alors qu’une grande refonte de l’effectif a été effectuée (nous y reviendrons plus tard), les problématiques d’hier sont les mêmes que celles d'aujourd’hui. Si progression il y a, c’est vers le néant qu’elle tend, la médiocrité tout du moins.
Afin d’étayer ce terrible constat, plusieurs statistiques, toutes plus éloquentes les unes que les autres. Sur l’année civile 2022, les Scoïstes ont perdu 14 de leurs 24 matchs disputés. Autrement dit, 58,3% des rencontres qu’ils ont joué. Soit, pour être exhaustif, une moyenne de 0,75 point par match. Pire équipe de l’élite sur cette période. Encore, lors du précédent exercice, le SCO version Baticle avait établi un triste record, jamais arrivé dans l’histoire du club (Ligue 1 et D1 confondus), celui de perdre consécutivement 7 matchs. La nouvelle saison, à peine démarrée, apporte elle aussi son lot de déconvenues inédites. Jamais, depuis la remontée en 2015, Angers n’avait débuté une saison sans victoire après 5 matchs. Pour accentuer le terrible démarrage de cette cuvée 2022-2023 et toujours depuis 2015, jamais, là encore, le club n’avait encaissé au moins 3 buts lors de 3 matchs d’affilé.

De fausses certitudes
Si parfois les statistiques peuvent être trompeuses ou ne refléter que trop partiellement la réalité du terrain, ces dernières évoquées ci-dessus en sont le véritable prolongement. Baticle tâtonne encore, loin des certitudes parfois affichées en conférence de presse. Son 3-5-2 serait le meilleur système pour contrecarrer les offensives adverses. Après 44 matchs à la tête du club, son équipe affiche un bilan de 69 buts encaissés, soit 1,57 but pris par match en moyenne. Aussi, à 8 reprises Angers a concède au moins 3 buts au cours d’un même match. Soit près d’un match sur cinq depuis son intronisation, presque autant que son ratio de victoire (18,2% VS 22,7%).
Les explications à cela sont là encore les mêmes d’une année sur l’autre. Des pistons très portés vers l’avant et à contre-temps lors des retours défensifs. Des défenseurs centraux qui ont à l’extrême les défauts de leurs qualités (puissants dans les duels mais dotés d’une vitesse et d’une réactivité plus que douteuses). Et enfin, des offensifs rechignant par moment à se replacer suffisamment vite, déstructurant ainsi un bloc équipe brinquebalant. Le système de jeu n’est pas l’unique point sur lequel Gerald Baticle se montre obtu.
En effet, depuis son arrivée, le staff technique a opté pour une défense en zone lors des coups de pied arrêtés adverses. Une idée inefficace, poreuse, sans doute mal appliquée (joueurs arrêtés, immobiles et passifs) et qui s’est en plus étiolée au gré des rencontres. Résultat, un nombre fou de buts concédés sur ces phases de jeu et des équipes qui ciblent explicitement ces situations.

Suffisant pour que le coach revoit sa copie ? Visiblement non, d’après ses récentes déclarations. Avec des arguments pour le moins étrange par ailleurs. Il aurait ainsi à sa disposition des joueurs... trop petits et donc trop peu performants de la tête. Un rapide tour de l’effectif permet de mettre à mal cette théorie. Camara, Hountondji et Mendy culminent tous à plus d’1,90m (Salama fait également partie de cette catégorie). Bentaleb et Blazic sont au-delà du 1m85. Capelle, Sabanovic, Diony et Doumbia oscillent entre 1m82 et 1m83 et possèdent de réelles aptitudes aux duels, ceci étant l’une des caractéristiques de leur jeu au demeurant.
Saison de tous les dangers mais un effectif à remodeler
Cet épineux début de saison n’est cependant pas seulement la résultante d’un coaching déficient. Avec un chamboulement total de l’effectif, le SCO ne s’est pas mis dans les meilleurs dispositions dans le but de commencer une saison cruciale pour la survie de son modèle économique.
13 départs ont été actés et 13 arrivées (en faisant fi des retours de prêt) enregistrées. Ce grand ménage a été la suite de négociations mal engagées quant au renouvellement de contrats, en plus d’un lien rompu entre des historiques du club, gardiens du temple de l’esprit club et de son intégrité, et plusieurs de ses dirigeants. Il a donc fallu recomposer un effectif dans les grandes largeurs, une recomposition faisant figure de régénération. Les capitaines (Traore, Thomas, Mangani) partis, Baticle est désespérément à la recherche de leaders pour mener son groupe. Faute d’évidence, il a du se résigner à en désigner ; certains n’étant au club que depuis une seule saison, symbole du grand chambardement opéré. Mais ce statut semble bien trop lourd pour des joueurs devant encore gagner en régularité sur le terrain avant d’endosser le costume de patron.
Pierrick Capelle et Sofiane Boufal sont eux des cadres de l’effectif et auront un rôle crucial à jouer pour mener à bien un bateau SCO déjà à contre-sens. En plus de marteler un discours plus intelligible et pertinent que celui évoquant un objectif autre que le maintien.
Le mercato a ainsi été agité et n’a pas manqué de mettre en avant la très fraîche relation entre le directeur sportif, Laurent Boissier, et son coach. Cette mésentente qui est un secret de polichinelle était sans nul doute l’un des dysfonctionnements pointé par Baticle durant l’intersaison. Dans l’objectif de parer à cela, Patrice Girard (ancien de la cellule de recrutement de l’OL et fort d’une expérience et réputation préalablement établies) a rejoint le club, triplant au passage son salaire lyonnais et devant prendre par conséquent des prérogatives plus élevées. Le mercato désormais terminé, on ne sait toujours pas quel a été son rôle sur cette période, Boissier ayant pris allègrement la lumière, présentant seul les nouveaux visages angevins.

Cette période de business est parfois source de tensions et cet été n’a pas dérogé a la règle. Gerald Baticle a plusieurs fois affiché publiquement son agacement et son impatience concernant l’arrivée de nouvelles recrues pouvant compléter, qualitativement et à des postes précis, son équipe.
Parmi ces postes précis, il était impératif de renforcer une défense qui s’était retrouvée à nue suite à la vague de départs. Ce chantier, une priorité depuis plusieurs saisons, a été le principal sujet de crispation entre le DS et son coach. Et les arrivées dans ce secteur posent aujourd’hui question. Il est évident que des joueurs comme Halid Šabanović et Miha Blazic auront un temps d’adaptation sans doute plus élevé que des joueurs comme Adrien Hunou, Cedric Hountondji ou encore les deux Havrais, Yahia Fofana et Himad Abdelli, ceux-ci étant francophones et vivant auparavant dans l’Hexagone. Pour autant, le choix des deux premiers cités fait office de paris, a
l’instar de ce qu’a pu être le transfert de Marin Jakolis, plus apparu dans le groupe depuis 3 journées maintenant. Faute de moyens conséquents et surtout volonté du président de ne réinvestir que très peu les rentrées d’argent liées aux cessions de joueurs, la cellule de recrutement angevine a prospecté large, loin et à moindre coût. C’est dans cette optique qu’ont donc débarqués Šabanović et Blazic, libre pour le dernier et contre environ 0,3M pour le premier.
Mais ces deux joueurs ont montré d’inquiétantes lacunes technicotactiques. Blazic est apparu très emprunté physiquement, semblant peiner par moment à utiliser la pleine mesure de ses capacités physiques. Šabanović quant à lui a semblé perdu, n’apportant que rarement ou mal le surnombre offensif (il avait pourtant été allègrement vanté ses qualités offensives) et faisant preuve d’une déficience technique pour le moment rédhibitoire à un tel niveau.
Ces deux exemples cristallisent les reproches pouvant être faits au mercato angevin. L’effectif apparait pléthorique (25 joueurs, sans compter les nouveaux contrats pro évoluant avec la réserve, alors que Baticle souhaite travailler avec un groupe resserrer de 20 joueurs) et paradoxalement déséquilibré. Par manque de moyen, la direction fait la part belle aux éléments “hybrides”, capables de couvrir plusieurs postes mais ne s’épanouissant véritablement dans aucun sous la houlette du coach.
Le constat est sans appel et l’avenir très sombre après seulement 5 matchs joués. De plus, l’équipe ne semble plus vraiment réceptive aux désidératas du coach, les comportements aperçus sur le terrain corroborant cette idée.
Apparaît dès lors l’inéluctable idée du changement de coach. Mais avec encore 3 ans de contrat (quelle riche idée ça aussi ce contrat proposé à un coach novice qui avait tout à prouver), ce départ plomberait des finances qu’on annonce pas encore à flot. Si ce choix est retenu, en cas de nouvelles contre-performances lors des 3 prochains matchs, il faudra faire vite et bien. La bataille pour le maintien est féroce et chaque hésitation sera un regret de plus au moment du décompte terminal.
En bref : Angers SCO version Baticle, en stats
➢ 44 matchs : 10 victoires - 13 nuls - 21 défaites. 50 buts inscrits, 69 buts encaissés.
➢ En Ligue 1 (en moyenne) :
1 point/match - 23,25% de victoire - 46,5% de défaite - 1,16 but pour - 1,56 but contre - 49,2% de possession - 10,3 tirs/match - 4,8 tirs cadrés/match.

* : on est venu, on a vu, on a perdu.