À la croisée des chemins (2/3)

À l'issue d'une saison sportive qui n'a pas été de tout repos, Angers et ses supporters ne s'attendent pas pour autant à partir en vacances l'esprit léger. En effet, avec 10 joueurs dont le contrat se termine le 30 juin et un budget transfert sérieusement raboté pour ne pas dire inexistant, l'été s'annonce rude et mouvementé sur les bords de Maine. Depuis La Butte s'est glissé dans la peau de l'équipe dirigeante scoïste afin d'imaginer les contours du futur effectif noir et blanc.

Qui en veut ? Venez par ici, il est beau mon joueur, c'est le meilleur mon joueur. Pour un acheté, le deuxième offert !

Avant toute chose, précisons la manière dont nous procéderons tout au long de cet article. Dans le but d'être proche d'une possible réalité, nous nous baserons sur les dires du président Saïd Chabane. Le club a subi de sévères pertes financières (- 19,654M€ lors de l'exercice 2020/2021 d'après les chiffres publiés par la DNCG) et a par conséquent comme objectif de tenter d'assainir ses comptes. Cela passera donc, toujours selon l'actionnaire majoritaire du SCO, par une réduction drastique de la masse salariale, nerf de la guerre du budget angevin. De fait, la couleur a été annoncée très tôt, en août dernier : de 21M€ au début de la saison 2021/2022, elle doit retomber aux alentours des 14 à 15M€.

La gestion des fins de contrat n'étant qu'une partie du problème et ne pouvant le résoudre à elle seule, Angers va être contraint de vendre certains de ses actifs les plus cotés. Tout en se débarrassant parallèlement de certains points morts niveau finance, plus en odeur de sainteté sur le plan sportif.

Le grand ménage d'été

Dans une logique de clarté, toujours, procédons poste par poste et tentons d'être logique quant aux noms que nous allons égrainer. Le club va faire la chasse aux gros salaires*. Et ce n'est pas ce qui manque au SCO. C'est pourquoi le board angevin s'est évertué à prêter un nombre important de joueurs durant le mercato hivernal. Ces mêmes joueurs, qui n'entraient pas dans les plans du staff seront les premiers à faire leurs valises si une offre satisfaisante se présente.

Nous tâcherons d'évoquer l'économie de salaire réalisée mais aussi le montant d'une potentielle vente, entre valeur estimée du joueur ** et réalité du marché des transferts.

Joueur prêté n'entrant plus véritablement dans les petits papiers du coach mais disposant toujours d'une cote correcte, Paul Bernardoni est le mix parfait entre ces deux types de profils. Avec l'arrivée conclue du jeune portier havrais, Yahia Fofana, combiné à l'émergence d'Anthony Mandrea, il est très peu probable d'imaginer l'ancien nîmois s'éterniser sur les bords de Maine. D'autant plus qu'il caracole en tête (ex-aequo avec Sofiane Boufal) des plus gros salaires de l'effectif avec 150 000€/mois*. Même si sa demi-saison stéphanoise n'a pas réellement été couronnée de succès, son jeune âge et les promesses entrevues lors de son passage à Nîmes devraient lui permettre de trouver une porte de sortie. Niveau transfert, la bascule financière devrait être compliquée pour le SCO, qui avait dépensé plus de 7M€ il y a deux saisons. Il serait plus probable de l'imaginer partir contre une somme réduite de 50% (entre 3 et 4M€). Les économies doivent être réalisées là où elles peuvent être faites et tant pis pour les plus-values.

Joueur prêté toujours, passons au milieu de terrain avec Antonin Bobichon. Depuis qu'il a signé en Anjou, ni Stéphane Moulin ni Gérald Baticle n'ont fait du joueur un élément essentiel de leur XI de départ. Pire encore, il a passé plus de temps en dehors des feuilles de match que sur le banc. Prêté à Nancy en janvier, son avenir est sans nul doute loin du Maine-et-Loire. Mais, désormais, les questions sont les suivantes : quel club voudra du polyvalent milieu ? Et à quel prix ? Non pas que

le joueur soit dénué de talent ; simplement, les courtisans ne se sont pas bousculés cet hiver et seuls des clubs de Ligue 2 se sont montrés intéressés. Cela étant dit, difficile d'imaginer une vente – si elle venait à arriver – supérieure au million d'euros.

Des millions d'euros, il devrait en être question concernant Angelo Fulgini. Depuis deux mercatos, le milieu offensif est l'objet de convoitises (un peu) et de rumeurs (beaucoup). Le joueur dispose d'un bon de sortie et sera, aujourd'hui plus encore qu'hier, poussé vers la sortie dans l'unique objectif de remplir un minimum les caisses désespérément vides du club. Mais si le président Chabane s'est montré gourmand et inflexible (15M€ sinon rien), la donne sera sans doute tout autre. En effet, à un an de la fin de son contrat, le SCO n'est plus nécessairement en position de force sur ce dossier. Les potentiels acquéreurs le savent et sa saison mi-figue, mi-raisin ne fera qu'accentuer cela. Ainsi, 10M€ serait déjà un transfert rondement mené. Il est cependant plus probable que la transaction soit inférieure à cela et tourne autour des 8M€. Par la même occasion, Angers se délestera du 3e salaire du club, lui qui émarge à 100 000€/mois*.

Enfin, terminons la partie milieu de terrain par le transfert quasi-acté du club, celui de Jimmy Cabot. Blessé en cours de saison, le désormais piston droit n'aura pas pu confirmer son très bon début de saison. Suffisant néanmoins pour attirer l'oeil de clubs de Ligue 1 plus huppés. Les chiffres sont sortis et la transaction devrait tourner autour des 2M€. Une somme à première vue peu élevée qui s'explique là aussi par une question de contrat. L'ancien lorientais est tout simplement à un an de la fin de son contrat et, mathématiquement, les prix chutent. Le club en profitera pour faire des économies sur un salaire substantiel, 55 000€/mois*.

À l'attaque ! Si l'équipe a peiné offensivement, ce n'est pas parce qu'elle manquait de joueurs offensifs. En effet, à l'heure des économies, pas moins de 6 ailiers et/ou buteurs sont invités à se chercher (et trouver!) un nouveau point de chute et si possible rapidement. Le premier d'entre eux est le seul à disposer d'une valeur marchande. Ni plus, ni moins. Parce que son talent est connu de tous les recruteurs européens depuis plusieurs années, il était écrit que Mohamed-Ali Cho ne s'éterniserait pas à Angers. Après une saison d'apprentissage, l'international espoir devrait donc aller voir ailleurs, et plus haut. Si Saïd Chabane avait un temps évoqué la somme folle de 40M€ , il est plus que probable que la somme sera environ trois fois inférieure. Les premiers chiffres évoqués font état de discussions et d'accords autour de 15M€ (bonus inclus). Parallèlement à ça, le SCO économisera là aussi un salaire important puisque le jeune attaquant (18 ans) était dans le top 10 des plus gros salaires du club (avec 65 000€/mois*).

La difficulté résidera ailleurs concernant les départs devant. La première d'entre elles n'était pas forcément prévue au programme. Prêté avec option d'achat (1,2M€) à l'Étoile Rouge de Belgrade, Loïs Diony avait été rayé presque définitivement de la liste des joueurs angevins. Oui mais voilà, l'avant-centre n'est plus apparu dans le groupe du club serbe depuis le 7 novembre dernier et n'a même plus joué une seule minute depuis le 4 novembre soit environ 8 mois, une éternité pour un footballeur. Belgrade a même souhaité rompre son prêt, lors du mercato hivernal. Demande refusée par Angers, l'ancien-stéphanois étant dans le quintette des plus gros salaires de l'équipe avec 90 000€/mois*. Un retour est donc prévu pour le « Toro loco » à l'issu du mois de juin. Un cadeau empoisonné pour les finances scoïstes qui s'évertueront à lui trouver, à coup sûr, une nouvelle porte de sortie très rapidement. Joueurs prêtés encore, évoquons les cas Sada Thioub et Farid El Melali qui se ressemblent en certains points. Tous d'eux n'entraient pas dans les plans du coach et ont dû aller chercher des minutes ailleurs cet hiver. Le premier a atterri à Saint-Étienne, en Ligue 1, quand le second est parti gratter du temps de jeu à Pau, en Ligue 2. Les deux, là encore, ont oscillé entre titularisations et sorties de banc, participant quasi systématiquement à tous les matchs de leurs équipes. Pour autant, aucun n'a trouvé la carburation nécessaire pour se rendre à la fois indispensable et décisif. Niveau statistique, c'est même famélique. Un but et une passe décisive pour l'Algérien, une passe décisive pour le Sénégalais. Les deux ailiers vont ainsi revenir à Angers et ne devraient pas être conservés. Des départs, donc, mais pour combien ? Plus expérimenté et rompu aux joutes de la première division, Sada Thioub dispose de la meilleure cote. Pour autant, très difficile d'imaginer que le SCO rentrer dans ses frais (il avait été acheté 3,5M€). Raisonnablement, un départ contre 2M€ serait une excellente affaire. Pour Farid El Melali, la transaction devrait être moindre, sans doute moitié moins (entre 500 000 et 1M€). Ce n'est pas sur eux de toute manière que compte le SCO pour renflouer ses caisses.

Terminons, enfin, par deux cas très différents. Faisons vite à propos de Jason Mbock. Cantonné à l'équipe réserve (seulement 2 apparitions dans le groupe), l'attaquant au club depuis 3 saisons est très loin dans la hiérarchie. À un an de la fin de son contrat, Angers cherchera sans aucun doute à s'en séparer si une offre venait à arriver sur la table. Des clubs de Ligue 2 ou de National pourraient y trouver leur compte. Le dernier élément dont il est question est Casimir Ninga. Bien que systématiquement dans le groupe depuis la trêve hivernal (il est resté, faute d'avoir pu lui trouver un remplaçant pour compléter en nombre le groupe), ses minutes sont comptées lors de chacune de ses entrées. Et pour cause, à la recherche d'un but depuis plus de 2 ans, ses prestations sont très souvent insipides, bien en deçà du niveau escompté pour un attaquant évoluant dans l'élite française. Désigné partant cet hiver, le Tchadien le sera une nouvelle fois cet été. En espérant, cette fois-ci, que l'opération puisse se conclure définitivement. Là non plus, la direction ne rentrera pas dans ses frais, lui qui avait été acheté 3M€. Si un deal venait à être conclu autour du million d'euros, le club s'en sortirait admirablement bien.

Vous l'aurez compris, l'été s'annonce animé, à tous les étages. Dans son opération dégraissage, le SCO pourrait en profiter par la même occasion pour se confectionner une petite enveloppe en vue de renouveler un effectif vieillissant voué, donc, à être remodelé.

*Afin de nous baser sur une source fixe que nous jugeons suffisamment fiable, tous les salaires évoqués proviennent de L'Équipe.

** Les chiffres annoncés sont tirés du site Transfermarkt.